Certes un tel aveu attire encore immanquablement les moqueries, mais j'ai du mal à imaginer qu'une chanson ait pu contenir ce genre de déclaration à l'époque de la fin de mon adolescence et de mon entrée dans l'âge adulte. Car si je me demandais comment faire pour que ma différence ne se voit pas lorsque j'étais ado, les choses se sont à la fois améliorées et agravées quand j'ai dépassé les vingt ans.
Si je pouvais me persuader que j'étais une ado peu mature pour expliquer mon asexualité, devenue adulte j'étais à cours d'explications. Ma différence s'est bien plus marquée au fur et à mesure que les années passaient car autour de moi, ce n'était que mariages ou mises en concubinage entre couples se formant (et parfois se déformant). Avec en prime le regard de plus en plus suspicieux des proches, qui n'hésitent pas à demander de but en blanc si on a (enfin) un petit ami ou copain ou quand on se décidera à en avoir un.
L'intérêt de la chanson de Cabrel, c'est que cette mention fait partie d'une énumération d'autres situations humaines (bon on pourra objecter sa présence aux côtés de "Moi, j'ai piégé ma maison"). Car si la chanson est un appel à la tolérance mettant en avant la richesse dûe à la diversité des habitants de la planète, elle concourt à banaliser le fait de n'avoir jamais fait l'amour.
Et c'est ce que je retiendrai ici : il y a des gens heureux de faire l'amour, d'autres qui sont heureux de ne pas le faire, et si les premiers pouvaient éviter de plaindre ou de se moquer des seconds, on ferait un grand pas.